Extrait de l’article…
Sur l’écran, un simple babyphone posé sur le plan de travail d’une cuisine. Pas de personnages. Juste les pleurs intenses d’un nourrisson et les mots, désespérés et violents, d’un père qui craque. « J’en ai marre, tu me pourris la vie, tout ce que tu sais faire c’est chialer ! ». Puis un silence glaçant. La nouvelle campagne de communication du gouvernement pour sensibiliser le public aux conséquences dramatiques du syndrome du bébé secoué (SBS) interpelle, voire choque. C’est le but.
« Il y avait nécessité impérieuse d’avoir une parole publique forte sur la prévention du SBS, de sensibiliser les parents, d’encourager la formation des professionnels de santé aussi », assume Adrien Taquet, en charge de la protection de l’enfance au gouvernement. « On parle d’un phénomène qui touche plus d’un enfant par jour. 500 bébés sont diagnostiqués chaque année souffrant de ce syndrome, avec le décès pour un cas sur dix et dans trois quarts des cas, des séquelles sur le plan cognitif, moteur, visuel ou auditif ». Rien que pour le CHU de Lille, le pédiatre Thameur Rakza parle de « 15 à 30 cas graves par an. Mais ce ne sont que les bébés diagnostiqués, la partie émergée de l’iceberg ».
Anticiper pour réduire le risque
Sans attendre cette nouvelle campagne, le CHU de Lille s’est donc engagé en septembre 2021 dans une démarche plus active encore. « Des études faites aux États-Unis montrent que l’information seule ne suffit pas à réduire le risque », indique le professeur Laurent Storme, chef de la néonatalogie au CHU. La maternité Jeanne-de-Flandre, en s’appuyant sur une expérience québécoise, met désormais en œuvre la sensibilisation systématique des jeunes parents.
17 novembre 2020
VDN 10 avril 2020
Habituellement, l’association Les Maux Les Mots pour le dire, présidée par la Madeleinoise Danielle Gobert, s’occupe de prévention des violences faites aux enfants. Durant la période de confinement, elle met en place un numéro spécial pour repérer et traiter les situations urgentes.
Article de la Voix du Nord du 20 novembre 2018
22 novembre 2018 –
Harcèlement: «Faire attention à tous les changements de comportement du jeune»
Depuis trois ans, l’association « Les Maux les mots pour le dire » œuvre dans le domaine de la prévention de la maltraitance des enfants. Ce mardi, elle organise une grande journée, dans les locaux du conseil régional, sur le thème du harcèlement. Rencontre avec sa présidente, l’avocate Danielle Gobert, et sa vice-présidente, médecin, Martine Beaussart.
Propos Recueillis Par Jean-Charles Gatineau
Danielle Gobert (au premier plan) et Martine Beaussart, l’avocate et la médecin, à la tête de l’association «Les Maux les mots pour le dire ».
– Votre association a bien agi dans la lutte contre les bébés secoués.
Ce mardi, vous organisez une journée sur le harcèlement…
« Notre association a pour vocation d’agir contre la maltraitance des enfants. Contre toutes les sortes de maltraitance. Cela va donc du bébé secoué aux violences, aux enfants « otages » dans des problèmes de couple ou encore, donc, victimes de harcèlement, principalement en milieu scolaire. Il existe des associations d’aides aux victimes ; nous, nous agissons au niveau de la prévention, pour faire en sorte qu’on intervienne avant que les violences arrivent. Le but de cette journée de mardi est que chaque professionnel présent ait une vision globale du problème du harcèlement.
– C’est donc une journée réservée aux professionnels?
« Oui. Ce sont eux qui doivent se bouger. Et nous voulons les y aider, notamment avec cette journée. Il y a aura des avocats, des magistrats, des policiers et gendarmes, des assistantes sociales, des médecins, des psychologues, des infirmières scolaires, des chefs d’établissement… en tout environ 750 personnes qui vont se rencontrer toute une journée. Il existe des outils pour lutter contre le harcèlement, il faut savoir se les approprier. »
« C’est comme un puzzle où chacun a une partie des pièces et qu’il faut savoir faire ensemble. »
– Quel est le point le plus important quand on parle de harcèlement ?
« La détection de l’enfant harcelé, c’est la clé. Souvent, on s’en rend compte quand les dégâts sont faits. Quand un professionnel en contact avec l’enfant a des doutes sur la présence de harcèlement, trop souvent il ne sait pas trop vers qui se tourner pour en parler. Pourtant, il existe un plan de lutte contre le harcèlement. C’est comme un puzzle où chacun a une partie des pièces et qu’il faut savoir faire ensemble. Les professionnels qui sont en première ligne sur ce sujet, ce sont les professeurs et les chefs d’établissements scolaires. »
« Il ne faut pas hésiter à aller au-devant de la parole, poser des questions quand on a un doute, montrer qu’on est soucieux de sa santé. »
– Quand on est parent, quels sont les indices qui peuvent nous faire dire que notre enfant est harcelé à l’école ?
« Déjà, ce qui est dur pour l’enfant, c’est qu’avec les réseaux sociaux, il n’est plus à l’abri quand il est chez lui, il n’a pas de répit. Quand on est parent, il faut faire attention à tous les changements de comportement : votre enfant qui ne rentre plus avec toutes ces affaires et dit qu’il les a perdues, des résultats en baisse, un enfant qui ne voient plus ses copains, ne veut plus sortir… Mais souvent, les parents sont les derniers au courant. Il ne faut pas hésiter à aller au-devant de la parole, poser des questions quand on a un doute, lui montrer qu’on est soucieux de sa santé. »
– Dans le cas d’un enfant harcelé, qui faut-il prévenir en premier ?
« Le directeur de l’école, le principal du collège ou le proviseur du lycée ! »
– Certains disent que les parents doivent aider leur enfant à s’en sortir, mais sans intervenir pour ne pas le victimiser. Vous êtes d’accord ?
« Non. Il faut protéger son enfant, donc agir. L’enfant doit voir que le parent, ou le chef d’établissement, comprend son problème. »
Le thermomètre de la colère
Créée il y a trois ans, l’association « Les Maux les mots pour le dire » ne compte aujourd’hui qu’une quarantaine d’adhérents. Il en faudra 240 pour qu’elle soit reconnue d’utilité publique et agisse pour que la maltraitance des enfants devienne une grande cause nationale. « Depuis trois ans, nous avons passé beaucoup de temps à agir, peu à «recruter» » plaide avec le sourire Danielle Gobert, sa présidente.
Agir, comme par exemple mettre en place le « thermomètre de la colère » à la maternité Jeanne-de-Flandre. « Nous avons trouvé cela au Québec. C’est une méthode et un dispositif pour lutter contre le syndrome du bébé secoué. On indique aux parents des conduites à tenir en cas d’énervement quand un bébé n’arrête pas de pleurer et un numéro de téléphone est mis en place 24h/24 pour appeler une puéricultrice et avoir des conseils quand on en peut plus… avant de secouer son bébé. » Avec ses quelques sous, l’association a financé la formation de deux puéricultrices à la méthode.
Le nouveau combat de l’association doter les maternités de ce poupon éducatif aux pleurs stridents et dont le cerveau s’allume quand on le secoue pour montrer les ravages du syndrome du bébé secoué.
24/11/2015
Danielle Gobert a eu envie de créer son association d’un coup, « un mercredi soir, en faisant du bénévolat pour les Blouses roses, au service de neuro-chirurgie pédiatrique du CHR de Lille ». « Une petite fille était là. À chaque fois que je me penchais juste à côté d’elle, ça allait. Si je me décalais un tout petit peu, elle pleurait. J’ai su que cette petite fille était un ancien bébé secoué. Elle était devenue aveugle suite à ça. »
« Les Maux – Les Mots pour le dire » naît officiellement en septembre, avec pour but la prévention, par l’information, et le dialogue entre des professionnels de santé et de justice, notamment. Matthieu Vinchon, chef du service où Danielle Gobert était bénévole, est aussi vice-président de la nouvelle association, tout comme Nathalie Husse, directrice de la Maison du citoyen et du point d’accès au droit de Lomme. « On est chacun un morceau du puzzle », indique le docteur Vinchon. Qui joint l’exemple concret à la parole : « Quand on fait un diagnostic bébé secoué, il y en a une vingtaine par an à Lille, 200 en France, la loi nous oblige à faire un signalement juridique, pour que le procureur diligente une enquête. Il faut faire vite. Il peut y avoir d’autres enfants dans la même maison, maltraités. »
Comme pour les enfants victimes collatérales de violences conjugales. C’est ce mercredi la journée de lutte contre les violences conjugales, et le trio à la tête de l’association déplore que le sujet des enfants ne soit pas assez abordé : « On le sait très bien, et on le voit : les enfants trinquent », commente Nathalie Husse.
La nouvelle association, qui compte (pour l’instant) une quinzaine de membres, a déjà organisé une journée de conférence, à la Maison du citoyen de Lomme, sur le thème du bébé secoué, avec des intervenants multidisciplinaires, le 12 novembre. Danielle Gobert se réjouit : « Il y avait 524 participants ! » Voilà une association qui risque bien d’être utile.
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